Odessa la Française
Il est difficile de concevoir qu’à la place occupée par Odessa tout au long du XIXe siècle, à savoir celle d’une grande cité et d’un large port, il n’existe en 1792 qu’un petit village tatar et un fortin turc.
De nombreux facteurs ont travaillé, en réalité, à ce brutal changement de décor. Le négociant français Charles Sicard, établi dans la cité de la mer Noire au début du XIXe siècle, confirme que cette transformation ne tient ni du « tour de passe-passe », ni d’un « enchantement de fée ».
Plus prosaïquement, la réalisation du projet Odessa – pharaonique par l’immensité des travaux et des dépenses engagées – est davantage le fruit d’une association pertinente d’acteurs aux compétences multiples dont Catherine la Grande, fondatrice de la ville, puis Alexandre 1er savent s’entourer.
Les pionniers de la cité méridionale « taillée sur mesure » sont deux militaires étrangers au service de l’armée russe, José de Ribas et Frantz de Voland. La construction de la ville démarre le 22 août 1794, date officielle de sa fondation. Le site de la future Odessa pris sur la steppe à sa pointe extrême, se distingue alors par l’absence totale de végétation spontanée et n’offre plus à cet endroit qu’une vaste étendue de sable.
Le développement d’Odessa connaît « un passage à vide » qui correspond au règne de Paul Ier (1796-1801), fils et successeur de Catherine II. Le nouvel empereur déteste sa mère et ne pense qu’à annuler ses décisions et anéantir son œuvre. José de Ribas et Frantz de Voland sont congédiés et les chantiers désertés par les ouvriers.
Lorsque Paul Ier décède à son tour au début de l’année 1801, la cité connaît l’anarchie et n’obéit à aucune règle. Sur le plan de l’urbanisme, les maisons de mauvaise qualité sont dispersées et séparées par des terrains vagues ; dès qu’il pleut sur la ville, la boue empêche les déplacements et si elle tarde à venir, c’est la poussière qui devient particulièrement incommodante ; quant à la gestion de la sécurité, elle est inexistante si bien que les voyous contrôlent la ville, se livrant régulièrement à des actes de brigandage. Les édifices publics, à peine construits, tombent en ruines, la cathédrale est inachevée, les équipements portuaires inadaptés.
Alexandre Ier (1801-1825) remplace sur le trône son père Paul Ier. Le tsar confie les rênes de la ville d’Odessa au duc Armand Emmanuel du Plessis de Richelieu, jeune émigré français qui fuit la Révolution française en 1790. Né en 1766 dans les environs de Bordeaux, il est l’héritier d’une lignée prestigieuse : son grand-oncle est le célèbre cardinal duc de Richelieu (1585-1642), Premier ministre de Louis XIII. Le duc de Richelieu occupe le poste de gouverneur d’Odessa et de la Nouvelle Russie de 1803 à 1814.
Une des premières strates de la mémoire d’Odessa, mais non la moindre, est donc française. Concrètement, que retiendra la ville de l’ « œuvre odessite » du duc de Richelieu ?
Il est possible d’évaluer « sur pièces » l’ampleur de l’influence des Français et notamment du duc et de son entourage sur la naissance et le développement économique et culturel de la cité des bords de la mer Noire. Selon l’écrivain Nina Gourfinkel qui consacre plusieurs chapitres à Odessa dans Naissance d’un monde, le premier volume de ses mémoires Aux prises avec mon temps (1953), Odessa lui doit tout. Si bien que son personnage est devenu légendaire. Il trouve sa place dans l’imagerie populaire des Odessites : pour redresser leur progéniture indocile, les mères n’hésitent pas à menacer leurs enfants du diouk, lui attribuant de temps à autre la fonction de père Fouettard. Toujours est-il qu’en haut du célèbre escalier du Potemkine, une statue à son effigie – évoquant un Romain vêtu d’une toge – vient lui rendre justice et faire connaître sa bonté, sa popularité, l’estime et la reconnaissance de ses protégés. Aujourd’hui, les jeunes mariés se font photographier au pied de la statue de "leur diouk" car cela porte bonheur. Comme pour José de Ribas, une des rues les plus représentatives de la ville porte également son nom.
Le duc de Richelieu a marqué la ville de son sceau car il est unanimement reconnu comme étant le principal artisan de la prospérité d’Odessa. Lorsque le tsar Alexandre Ier confie les clés de la cité au nouveau gouverneur, ce dernier dresse un état des lieux plutôt catastrophique : un port inachevé, des bâtiments de douane et de quarantaine à demi effondrés, quelques centaines de maisons, des rues mal tracées, impraticables en hiver, une population peu recommandable… Odessa ne compte que 9 000 habitants et abrite seulement 144 employés, répartis sur 23 moulins, 16 ateliers et une poignée de modestes fabriques.
Les étrangers tardent à s’installer durablement…
Pour remédier à cet état de fait, le duc ne néglige aucun domaine d’activité et porte son attention sur toute l’étendue de son gouvernement. Dans un premier temps, par une politique d’encouragement et l’octroi de privilèges, il favorise l’implantation d’une population étrangère en Nouvelle Russie, une tâche considérée par Alexandre Ier comme étant prioritaire. Les conséquences immédiates de ces options sont l’amplification et l’accélération des flux migratoires interne et externe à l’Empire. De manière générale, il sait faire preuve de tolérance à l’égard d’une population très hétéroclite tant du point de vue des nationalités que des appartenances religieuses et ne fait aucune distinction entre toutes les communautés qui se présentent aux portes d’Odessa : des Bulgares, des Moldaves, des Grecs, des Arméniens mais aussi des Allemands, des Suisses, des Juifs…
La ville s’ouvre ainsi à de nombreuses nationalités et cultures favorisant son cosmopolitisme mais également un apport de compétences très variées. L’ « importation » des quatre coins d’Europe et de l’Empire d’une gamme d’experts en tous genres a des répercussions très bénéfiques sur la croissance de la jeune Odessa, à commencer par la fertilisation des vastes plaines voisines.
Parallèlement, le duc de Richelieu s’applique à améliorer et développer les équipements portuaires dans un souci de rendement et d’efficacité. Ces travaux d’aménagement et l’agrandissement du port sont rendus possibles grâce au gouvernement impérial qui lui accorde un prêt conséquent. L’ancien port de guerre est converti en port de commerce. Il est ensuite doublé d’un grand port, dit de quarantaine, appelé à recevoir les navires étrangers. Le duc crée un bureau de change en 1804 et un tribunal de commerce quatre années plus tard dans le but de simplifier les transactions commerciales. Odessa peut ainsi devenir l’une des grandes cités de l’Ukraine.
Le duc de Richelieu, assisté par un autre émigré français, le général Alexandre Louis Andrault de Langeron, ne laisse pas pour autant la « ville d’en haut » se développer au gré de sa fantaisie et établit un véritable plan d’urbanisme confié à des architectes français (constructions, aménagements et infrastructures) prévoyant des rues larges et droites en damier selon les études du projet primitif de l’ingénieur hollandais Voland. D’un point de vue architectural, le duc favorise plutôt le style néoclassique pour la construction des bâtiments publics. Odessa est conçue à l’heure des grandes utopies urbaines des Lumières où chaque espace est soumis à un examen approfondi.
Odessa, comme Paris, est construite en grande partie avec les matériaux de son sous-sol, une pierre coquillère du nom de rakouchniak recouverte ensuite d’enduit. C’est même l’une de ses spécificités : Odessa est en pierre, alors que la majorité des villes de Russie du XIXe siècle sont encore en bois.
L’art du grand organisateur Richelieu, s’inspirant d’une expérience acquise au cours de longs séjours passés en Europe méridionale – en Italie plus particulièrement – est d’avoir su conjuguer une rectitude fonctionnelle mais sans surprise – les rues larges et alignées se coupent à angle droit – avec le charme émanant des coins et recoins cachés, des cours intérieures bien moins classiques, chaotiques et spacieuses, aux galeries circulaires disposant, en leur centre, d’une citerne pour l’eau potable et où poussent de façon anarchique arbres et cascades de vignes.
Odessa sait flatter les sens par ses places spacieuses agréables à l’œil, les façades de ses édifices enduites de couleurs claires et tendres, une palette de rose, de vert, de bleu et d’ocre, sans oublier ses fragrances : une ville dont on dit communément qu’elle sent l’acacia.
Si, depuis son poste de gouverneur, le duc de Richelieu donne à la ville sa tonalité française, cette dernière s’impose et gagne rapidement, sous son impulsion et ses encouragements, différentes branches d’activité. L’installation des Français en Nouvelle Russie, dont les projets sont le plus souvent soutenus par Richelieu – il est de notoriété publique qu’il concède des avantages à ses compatriotes – constitue un fait unique dans tout l’Empire par la variété et l’importance des fonctions qu’ils occupent.
D’après les observations de Nina Gourfinkel, dans les premières décennies du XIXe siècle l’influence française l’emporte sur l’influence italienne hormis pour la musique qui demeure le terrain d’excellence des Italiens. D’ajouter que ce n’est pas le nombre de membres substantiel qui fait la force de cette communauté mais plutôt ses positions-clés sur l’échiquier de la cité. Les Français, bien placés dans l’administration à l’époque de Richelieu et de Langeron sans exercer pour autant un monopole sur ces fonctions, sont aussi bien architectes, ingénieurs, ébénistes, viticulteurs, éleveurs, industriels. La France importe également son « savoir-faire » jusque dans les cuisines des restaurants gastronomiques de la ville. Si le goût odessite pour les saveurs exotiques, épicées, et les douceurs orientales est largement comblé par un choix pléthorique d’établissements grecs mais aussi italiens – Vladimir Jabotinsky prend plaisir à s’attabler régulièrement devant une tasse de café et des rahat-loukoums dans le bistrot grec de la rue Krasnaia –, les vins et les mets élaborés par des chefs français remportent malgré tout la palme. On trouve dès les premières pages de l’annuaire des entreprises odessites daté de 1901, parmi de nombreux exemples, une publicité pour la Société vinicole de Russie méridionale (Odessa) qui distribue le « Grand vin de Champagne Henri Roederer » fabriqué à Reims. Et comme le souligne Charles Sicard dans ses lettres : « Les vins français jouissent à Odessa comme ailleurs de la prééminence sur les autres. » Quant aux cafés élégants et confiseries, ils sont pour la plupart tenus par des Français, des Italiens et des Suisses : « Othon, Stéphane, Costa, Caruta, Chartrain, Roblin, Zambrini, Fanconi et Robinat…
Paris impose également sa volonté en matière d’élégance et donne les grandes tendances de la mode. Odessa, grâce à la franchise de son port, devient l’annexe, la succursale des grandes maisons de couture de la capitale française avec Langiet, Tambuté, Michel, Vérel, Lantier, et à la veille de la Grande Guerre, Laval. Ce qui fait la joie des femmes russes et polonaises.
Les Italiens font autorité en matière musicale dans l’Odessa des premières années de son existence. Certes, les compositeurs les plus populaires sont le plus souvent italiens (Rossini, Verdi et Puccini), les meilleurs interprètes aussi – le baryton Titta Ruffo (1877-1953) et le ténor Enrico Caruso (1873-1921). La ville possède même dès 1809 une troupe italienne établie au Théâtre municipal. De plus, on attribue l’initiative des premières représentations d’un genre musical qui suscite un engouement généralisé – l’opéra italien – à sa communauté de marchands. Mais il faut pour ce faire un théâtre digne d’accueillir dans les meilleures conditions artistes et spectateurs. Ce projet, une des premières constructions monumentales d’Odessa, est une idée française, celle du duc de Richelieu, homme cultivé, féru d’arts et de lettres. C’est en effet sous son administration, entre 1804 et 1809, qu’est construit d’après les dessins de l’architecte français Jean-François Thomas de Thomon (1760-1813) et sous la surveillance de l’architecte et théoricien italien Francesco Frapolli (1765-1819) l’édifice original réalisé dans le style palladien, à l’architecture imposante et à l’acoustique irréprochable. Cependant, en 1873, un incendie le réduit en cendres et il faut attendre 1887 pour que s’ouvrent les portes du nouveau théâtre rebaptisé Théâtre de l’Opéra au tout début du XXe siècle et conçu cette fois sur le modèle de l’Opéra de Vienne. Le coût total du projet représente alors un million de roubles, une somme considérable mais justifiée, semble-t-il, car « énumérer les détails relatifs à la splendeur de la façade et de l’aménagement intérieur de l’édifice nécessiterait un livre », écrit l’historienne odessite Elena Karakina dans le guide qu’elle consacre à l’Odessa juive. Ce théâtre qui concentre l’essentiel de la vie culturelle de la ville peut accueillir 1 590 spectateurs. L’Opéra qui ferme la perspective de l’actuelle rue Richelieu, est aujourd’hui encore au premier rang des grandes fiertés de la cité. En tout état de cause, la concrétisation de cette idée aura eu pour vertus d’européaniser la vie culturelle du port russe avec des artistes qui viennent régulièrement des quatre coins de l’Europe pour se produire sur les scènes odessites mais aussi d’aider au rayonnement de la ville : sa saison lyrique, riche en créations musicales interprétées par les meilleurs artistes du moment, est réputée jusqu’à Saint-Pétersbourg.
Le duc de Richelieu ne néglige ni la culture, ni l’instruction. Il fonde en effet dès 1805 une École de la noblesse, puis un gymnasium pour les fils de négociants qui deviendra par un oukase de 1817 le fameux lycée Richelieu, ouvert aux enfants de toutes conditions. Cette institution – transformée en université en 1865 et dont les directeurs et professeurs sont français – sera en matière d’éducation l’une des plus importantes et des plus respectées de la Russie méridionale durant la première moitié du XIXe siècle. Le gouverneur crée rapidement des écoles publiques à l’usage des garçons – des écoles paroissiales, une école grecque, une école primaire de district – qui, avant 1804, sont inexistantes. En effet, le pays manque cruellement d’écoles primaires et secondaires. Ce sont les familles elles-mêmes qui prennent alors en charge l’apprentissage des humanités de leurs enfants. L’enseignement secondaire fait ses premiers pas sous le tsar Alexandre Ier : des établissements d’enseignement professionnel, filiales de l’ORT (Obtchestvo remeslennogo trouda), voient le jour au début de son règne.
Dès 1814, un nombre important de librairies ouvrent leur porte dans les rues de la ville et les imprimeries se multiplient. Les livres abondent à Odessa, signe de la bonne santé intellectuelle et culturelle de la cité mais aussi en raison des diverses nationalités représentées, désireuses sans doute de garder un lien avec leurs langue et culture. « Le premier libraire d’Odessa s’appelait Roubaud, et cent ans après, nous nous approvisionnions en littérature française à la librairie Georges Rousseau. Le premier journal d’Odessa : Messager de la Russie méridionale ou Feuille commerciale, qui commença à paraître le 1er avril 1820, était rédigé en français et publié par les soins de l’éditeur Davallon, ancien agronome. La première imprimerie avait été fondée par un certain Rosset et rachetée à sa mort, en 1814, par la municipalité.», écrit encore Nina Gourfinkel dans ses mémoires.
Le duc de Richelieu est effectivement « l’homme de la situation », celui qui donne du lustre à cette cité des bords de la mer Noire, lui permettant de conquérir ses lettres de noblesse et, par conséquent, de s’affranchir en grande partie de son étiquette mercantile, de sa mauvaise réputation et de son arrogance de « parvenue ». Lorsqu’il repart pour la France en 1814, il laisse derrière lui une Odessa méconnaissable même si subsistent des inconforts comme la pénurie d’eau douce et des rues incommodes à la circulation.
En dix ans, le duc de Richelieu parvient à transformer ce « caravansérail maritime » en capitale de la Nouvelle Russie, une misérable bourgade en une ville magnifique mais surtout à conduire Odessa jusqu’aux portes de la modernité. Outre ses capacités d’entrepreneur dynamique, la cité reconnaissante retiendra de son diouk sa détermination et son efficacité à maintenir une politique libérale et tolérante à l’égard de tous. Son engagement est exemplaire, digne du missionnaire : Odessa est son œuvre et il se sent responsable de sa destinée. A cet égard, lorsque la peste survient et fait sa première victime à Odessa le 28 août 1812, il n’hésite pas à désobéir au tsar. Alors que la guerre est déclarée la même année entre la France et la Russie, il refuse de prendre le commandement militaire pour rester auprès de la population, la soutenir contre le fléau et prendre les mesures qui s’imposent pour sauver sa ville de la ruine. Pendant soixante-dix jours, on ne rencontre dans les rues d’Odessa âme qui vive : de nombreux établissements publics sont fermés et les habitants doivent rester confinés dans leur foyer et attendre les ravitaillements. Le gouverneur suivi par d’autres hommes dévoués ou payés, se charge de visiter la population pour lui offrir aide et consolation. Le fléau s’éloigne d’Odessa au bout de six mois laissant derrière lui deux mille sept cents victimes. Toutefois, l’expérience du duc dans sa gestion efficace de l’épidémie permettra aux villes avoisinantes qui sont touchées à leur tour, comme Elisabethgrad, de faire front sans délai en appliquant des mesures très énergiques.
Laissons les mots de conclusion au romancier et journaliste américain Samuel Langhorne Clemens, alias Mark Twain (1835-1910) qui en 1867, après avoir visité la France, l’Italie, la Grèce et Constantinople, fait une halte à Odessa. On retrouvera dans son éloge du duc de Richelieu – dont l’écriture lyrique exige de « s’arranger » avec la véracité des faits, le duc décède à Paris et non à Sébastopol comme il le prétend – quelques analogies avec d’autres discours : la qualité principale de cet homme étant sans doute de savoir faire l’unanimité et de gagner la confiance de toutes les nations. Ce qui aura pour effet bénéfique de travailler au rayonnement et au prestige d’Odessa, bien au-delà de ses frontières.
« C’est Richelieu qui a fondé Odessa ; il s’en occupa avec des soins paternels, œuvra avec intelligence et sagesse au service de ses intérêts ; dépensa largement sa fortune dans le même but ; donna à la ville une prospérité solide qui en fait encore l’une des grandes cités du Vieux Monde ; construisit cet escalier majestueux de ses propres deniers et… ceux pour lesquels il avait tant fait l’ont laissé un beau jour descendre tout seul ces mêmes marches, âgé, pauvre, sans un manteau de rechange ; et quand, des années plus tard, il mourut à Sébastopol dans la pauvreté et l’abandon ils se réunirent, versèrent une généreuse souscription pour ériger immédiatement cet élégant monument à sa mémoire et donnèrent son nom à une grande rue. » (Mark Twain, Le Voyage des innocents, Un pique-nique dans l’Ancien Monde, 1867)
De retour en France, paradoxalement dépaysé, le duc de Richelieu est à ce point marqué par son identité que ses compatriotes ne le reconnaissent pas. On le juge même « trop Odessois ». Jusqu’au seuil de sa mort, l’éloignement de la cité « sur le berceau de laquelle il s’était penché avec tant de sollicitude » devait être douloureux.
La cité des bords de la mer Noire continue d’entretenir un lien privilégié avec la France. Pour exemple, l’année 2012 a marqué le 40e anniversaire du jumelage entre les villes de Marseille et d’Odessa.
Isabelle Némirovski (mai 2018)