Daniel Cordier
par Jérôme Clément
L’hommage à Daniel Cordier par le président de la République a eu lieu le jeudi 26 novembre 2020 dans la cour des Invalides.
Daniel Cordier n’était pas seulement un grand résistant et un homme courageux, c’était un personnage d’une grande rectitude morale et personnelle.
La vérité et la liberté étaient ses principes de vie.
J’ai eu l’occasion de le fréquenter lorsque nous avions, Georges-Marc Benamou et moi, adapté son livre Alias Caracalla. De cette période était née une amitié qui m’a permis de réaliser cinq émissions pour France Culture rediffusées cette semaine.
Daniel Cordier venait d’un milieu d’extrême droite antisémite et antirépublicaine. Avec ses convictions et ses préjugés, il a vite été confronté à des situations qui l’ont conduit à changer ses positions. Contraint par un ami résistant en 1942, à Lyon, d’héberger pour une nuit un juif, il l’observe dormant et constate qu’il est comme lui. Croisant quelques jours après un vieux monsieur et son petit-fils, porteurs d’une étoile jaune à qui l’on interdit l’entrée au parc Monceau à Paris, il est bouleversé. De ce jour il abandonne totalement ses préjugés antisémites et, progressivement, durant toute cette période, bascule de la droite vers la gauche.
Daniel Cordier était avant tout un homme libre, honnête, qui ne laissait jamais les préjugés l’emporter sur son observation des faits et les conclusions qu’il en retirait.
C’est ce qui l’a conduit, plus tard, en 1973, à entreprendre ce grand travail d’historien, ulcéré de voir l’histoire de Jean Moulin déformée par ceux qui l’avaient combattu pendant la guerre. Le rétablissement de la vérité était pour lui un impératif catégorique, tout autant que la défense des libertés qui a guidé sa vie personnelle et ses engagements publics.
L’hommage qui lui est rendu aujourd’hui honore non seulement un grand combattant, mais aussi un homme dont la vie simple et modeste est un modèle, sans qu’il l’ait jamais cherché.
Personnage singulier, très attachant, original, il est par son honnêteté intellectuelle une figure exemplaire dont nous avons grand besoin aujourd’hui.
Paris, le 26 novembre 2020
Jérôme Clément